16 janvier 2011

Lettre à mon ravisseur - Lucy Christopher



Acheté après avoir lu l'avis d'une blogueuse. Acheté parce que la curiosité me piquait. Acheté avec l'envie de savoir ce que renfermaient ces pages. 

Gemma, jeune fille anglaise de seize ans, attend patiemment son vol à l'aéroport de Bangkok en compagnie de ses parents. A la cafétéria, un bel inconnu lui offre un café, tous deux s'attablent, discutent pendant que Gemma sirote tranquillement son café, ou plutôt, sa drogue. Comment pouvait-elle s'en douter ? Comment pouvait-elle soupçonner Ty, ce jeune homme à la beauté sauvage, et aux yeux bleus fascinants ? Là, il la kidnappe, la déguise, et l'emmène au fin fond d'un désert australien.

Je n'ai pas pu lâcher ce livre, les pages défilaient à une vitesse hallucinante. Je voulais savoir ce qui se passait, comment l'histoire allait se terminer le plus vite possible, comme si c'était un besoin vital.
Ce livre, c'est de la psychologie à l'état pur, c'est de la parfaite manipulation, c'est une emprise incroyable. Retournée, bouleversée, hantée : voilà ce que m'a fait ce roman.

L'auteur a le don de faire ressentir au lecteur les émotions les plus exacerbées à travers des mots simples, une manière d'écrire qui ne paie pas de mine mais d'une force saisissante. J'ai été happée dès les premières pages. Je me suis sentie vraiment proche de Gemma, je me suis tellement attachée à elle : une phénomène inouïe d'identification au personnage. J'ai été submergée par les sentiments de Gemma. Ses angoisses, sa révolte, ses doutes, son dégoût. J'absorbais tout comme une vulgaire éponge. 
Au début, elle tente par tous les moyens de s'échapper de cet endroit maudit, et surtout de s'éloigner de lui, Ty qu'elle s'imagine tuer de mille et une façons. Mais, elle enchaîne les échecs, et se heurte brutalement à la réalité : sans lui, elle ne pourra jamais partir d'ici. Je pensais que d'une manière ou d'une autre, elle parviendrait à fuir. Eh bien, non. Le paysage qui s'étend autour de la prison de Gemma se ressemble en tout point à part quelques maigres plantes rabougries ici et là. Aucun repère, rien, strictement rien. Le lecteur fait face à la vérité comme Gemma : la porte de la liberté ne s'ouvrira que si Ty le veut.

Ty, c'est la porte de sortie, mais aussi le seul contact humain à des kilomètres à la ronde. Le monde de Gemma commence à tourner autour de lui. Au début, on ne peut s'empêcher de le haïr : c'est un tordu, un psychopathe qui enlève des pauvres filles. Eh bien, non. C'est là tout le hic de l'histoire. Ty, sans être sain d'esprit, n'est pas un fou furieux : c'est quelqu'un de doux, de séduisant (malheureusement pour Gemma qui n'arrête par de répéter qu'il a une superbe musculature pff), de sauvage, ayant traversé une enfance difficile. Sa mère l'a abandonné, son père s'est noyé dans l'alcool pour finalement y succomber. Après l'aversion vient la compassion, voire l'amour. Gemma se sent "coupable", elle devrait le détester (nous aussi d'ailleurs!), mais tout la pousse au contraire. Le Ty amoureux du sable, du désert, de chaque rocher, des étoiles dans le ciel. Le Ty se zébrant sa peau de peinture, artiste à fleur de peau. Le Ty qui clame l'avoir sauvée de parents aveuglés par l'argent qui veulent l'envoyer en pension, d'amis qui ne sont pas vraiment ce qu'ils prétendent, d'une vie qu'elle ne désire pas. (En fait, Ty mentait à propos de tout, des sois-disant conversations qu'il avait entendu entre les parents de Gemma. C'est un fin manipulateur!) 
Amour mêlé à de la répugnance, car Ty l'observait depuis plusieurs années, amour teinté de haine pour l'avoir ainsi arraché à sa famille, pour avoir mis fin à sa vie. Le mot amour ne devrait pas apparaître dans ce livre, pourtant il est présent. Amour entre kidnappée et kidnappeur ? C'est malsain. Toutefois, ce sont des sentiments flous qui se mélangent, on peut se demander si c'est de l'amour. Si ce n'est pas du syndrome de Stockholm ? Juste de la pitié ? Ce que l'on sait, c'est que quelque chose naît entre Ty et Gemma ; une relation étrange se tisse entre ces deux êtres écorchés, Ty voulant garder Gemma pour toujours, et Gemma qui veut le fuir mais en même temps se trouver près de lui. Même Gemma ne sait pas ce qu'elle éprouve à la fin. 

Je me suis dit "Est-ce que ce crétin ne pouvait tout simplement pas aller lui parler ? Tout aurait été différent." (Ty habitait à côté de chez Gemma.) Il m'a vraiment peiné...

La fin est incertaine. Mais, je crois qu'elle est suffisante (même si on reste sur sa fin!), aller jusqu'au bout aurait été inutile, pire stupide. Parce que l'on sait comment ça Doit se terminer, autant dans ce livre, que dans la réalité.


Un livre saisissant par la beauté et la cruauté des paysages qu'il renferment (le désert australien, les nuits australiennes...), par la relation extrême que noue Gemma avec Ty. Un concentré d'émotions aussi vives les unes que les autres. Une jolie claque, en fait. Un souvenir marquant qui va surement me hanter durant quelques jours.

2 commentaires:

  1. Il a l'air vraiment prenant. D'ailleurs, la plupart des avis que j'en lis sont positifs :)

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  2. @candicesbook C'est un livre spécial et prenant! N'hésites pas à le lire :)

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