14 janvier 2011

Le Rouge et le Noir - Stendhal


Voilà un roman acheté parce qu'il figurait sur la liste des œuvres facultatives de Français. Après une première tentative de lecture (arrêt net au bout d'une centaine de pages...), je me suis relancée à l'attaque de ce classique la semaine dernière.

Bon, côté couv, rien à dire : elle est moche comme la plupart des couvertures de classiques. En même temps, lorsqu'on lit ce genre de bouquins - les classiques - la beauté de la couverture est la dernière des préoccupations.



L'auteur nous raconte ici le parcours d'un jeune homme de dix-huit ans habitant Verrières, Julien Sorel, fils de charpentier, animé d'une ambition à toute épreuve. Celui-ci est engagé chez les de Rénal comme précepteur pour les enfants. Rapidement, il se met en tête de séduire Madame de Rénal qui succombe sans mal à la tentation. Ensuite, pour éloigner l'amant indésirable, Julien est envoyé au séminaire de Besançon où il fait la connaissance de l'abbé Pirard. Après plusieurs mois passés au séminaire, Julien se voit proposer une place de secrétaire auprès du marquis de la Mole ; il accepte sans hésiter, voyant cette offre comme un raccourci vers sa gloire future. Il tombe alors amoureux de la fille du Marquis, Mathilde, qui sera le second amour de sa vie.



Le première partie s'étend de l'arrivée de Julien chez les de Rénal à sa sortie du séminaire. La seconde se concentre sur la vie qu'il mène à Paris en tant que secrétaire du marquis. En dépit de quelques longueurs, le livre premier (la première partie) reste mon préféré en enlevant le passage du séminaire qui a failli me faire refermer le livre tellement il m'a ennuyé. L'atmosphère y est gai, sincère, ce que ne dégage pas le livre second. En effet, l'ennui de la noblesse dans les salons, l'hypocrisie polie de ces gens dégoulinent des pages. Les moments où Stendhal détaille les soirées à l'hôtel de la Mole accompagnées des discussions et critiques en tout genre, le bal je ne sais plus où, tous ces moments là sont assez assommants. Il y a un évènement que je n'ai pas du tout compris : c'est la réunion secrète du Marquis avec plusieurs autres personnages. Le but de la réunion ? Pourquoi Julien devait-il fuir après ?

Les chapitres courts permettent une lecture facile et fluide, grandement aidée par le style de l'auteur : l'écriture de celui-ci est "actuelle". Sans descriptions de plusieurs pages... Par contre, les inclusions de l'écrivain m'ont vraiment perturbé (notamment un passage où il cite l'éditeur et un débat qu'il a avec...). Je ne sais pas si Stendhal recherchait un effet de style ou quelque chose comme ça, en tout cas, c'est raté. J'avais envie de dire : "Stendhal, tu me gâches la lecture là, oust!!".

Julien Sorel est vraiment fascinant. C'est un personnage orgueilleux qui accomplit tout pour parvenir à ses fins. Toutefois, il peut se révéler très naïf et gauche, surtout parmi l'entourage des de la Mole. Ce qui rend ce personnage si riche, c'est son côté insaisissable, imprévisible, et au combien calculateur. Il décide de séduire Madame de Rénal seulement par orgueil. Ainsi, il se donne le sentiment d'être supérieur à son mari, qui est beaucoup plus riche que lui, d'un rang plus élevé. Chacun de ses gestes, paroles est murement réfléchi. Ce qui m'a amené à le détester au début, pour l'apprécier à la fin: c'est un idiot aveuglé par l'ambition. En revanche, il m'a vraiment agacé quand il s'apitoyait sur son sort car sa chère Mathilde ne l'aimait plus. Pfff, les déboires amoureux durent une centaine de pages, sans parler des stratagèmes qu'il met en place pour la reconquérir, j'en ai ma dose. L'évolution du personnage en est gâchée.

Venons-en aux deux femmes de sa vie. Louise (Mme de Rénal) et Mathilde aux antipodes. Madame de Rénal m'a touché. Douce, innocente, fragile, découvrant pour la toute première fois l'amour avec Julien, culpabilisant ensuite. Elle est adorable. Melle de la Mole peut être qualifiée de casse-pied capricieuse. Les revirements, changements d'avis, sauts d'humeur dans son "amour" pour Julien. Elle l'aime, puis au bout de huit jours, pouf abracadra, l'amour s'est envolé. Elle joue ce jeu deux fois ! C'est l'orgueil qui guide ses excès; en cela, elle ressemble à Julien. J'ai noté un tendance étrange  chez elle : plus Julien se montre prévenant à son égard, moins elle l'aime. Elle est tout de même attendrissante à la fin. Euh, les descriptions sur son immense beauté sont servies en tartines: son port de reine, sa démarche altière, son cou d'albâtre... Oui, on a compris elle est à tomber :o) Je pense que Julien les a aimé sincèrement, autant l'une que l'autre (sauf au début de leur relation!). 

Ce n'est pas que je n'aime pas les histoires d'amours - bien au contraire - mais, elles avaient peut être une place trop importante dans ce roman. Le moteur de l'œuvre était l'ascension sociale avec pour essence l'ambition de Julien : ça fonctionnait, j'étais vraiment curieuse de savoir jusqu'où Julien allait grimper dans la hiérarchie. Mais bon, vu que le livre se centrait par la suite sur son désespoir amoureux en répétant bien qu'il n'avait plus le feu de l'ambition, le tout avait perdu de son intérêt. L'auteur aurait pu aller loin avec cette association pourtant, dommage!

La fin est parfaite, l'écrivain ne pouvait pas faire mieux.

Je suis contente d'avoir terminer Le Rouge et le Noir, ça commençait à devenir long! Je ne dirais pas que j'ai aimé, mais  plutôt que c'est un roman bien construit avec des personnages vivants, instructif (je me suis renseignée sur le contexte politique et religieux de l'époque avec les jacobins, jansénistes...) et intéressant.

Note : 13/20 



Après avoir lu Le rouge et le Noir, j'ai regardé l'adaptation de 1998 : un téléfilm français de Jean-Daniel Verhaeghe avec pour acteurs principaux Kim Rossi Stuart (Julien Sorel), Carole Bouquet (Mme de Rénal) et Judith Godrèche (Mathilde de La Môle).

Le téléfilm est découpé en deux parties comme le livre : la première partie s'étale de l'entrée de Julien comme précepteur chez le maire de Verrières jusqu'à son séjour au séminaire, et la seconde relate son quotidien chez le marquis de la Mole à Paris. Chacune dure 1h45 environ.

Cette adaptation est fidèle au roman, surtout la première partie (sauf à propos de Mme Derville qui dans le roman n'encourage pas Mme de Rénal à une amourette avec Julien), avec un petit bémol pour la seconde que j'ai trouvé un peu bâclée. Si je n'ai pas grand chose à redire de ce côté, du côté de Julien, c'est une autre histoire. J'ai trouvé l'acteur qui l'interprétait fade, il ne dégageait pas dans son jeu l'ambition du Julien Sorel du livre. Et, pour la ressemblance physique (à part le fait qu'il soit beau), c'est zéro pointé. En revanche, Carole Bouquet était une parfaite Mme de Rénal, comme je l'avais imaginé, douce et innocente. Elle a fait un sans faute. Judith Godrèche a réussi à incarner Mathilde de la Mole, mais quand elle parlait, elle nous ramenait au XXI siècle avec ses "j'le f'rais pour toi" ("je le ferais pour toi"). Elle parlait comme à notre époque ^^' J'ai beaucoup aimé l'acteur qui jouait le comte Altamira avec des répliques drôles et piquantes à la fois, il était irréprochable.

Je n'ai pas été transportée plus que ça par cette adaptation. Bon, je l'ai vu... mais si je ne l'avais pas vu, j'aurais vécu sans regret. C'était bien : les robes étaient très belles, les lieux de tournages aussi, mais c'est tout. 


1 commentaire:

  1. Je ne pense donc pas que je lirai ce livre! J'ai déjà assez de mal avec les classiques, alors s'il y a des longueurs, je ne pourrais pas!

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